Diego Maradona : biopic épique

Le 29/07/2019

Diego Maradona : biopic épique

De son arrivée à Naples en 1984 jusqu'à son départ sept ans plus tard, un biopic documentaire retrace le passage de Diego Maradona dans la bouillante cité italienne. On y croise le "Pibe de oro" au sommet de sa gloire, des pin-ups, l'excentrique président du Napoli de l'époque ou des figures de la Camorra. Un portrait saisissant.

"Juve, Juve, vaffanculo !"... Ce cri du cœur pourrait s'élever du choeur des virages du stade San Paolo, un soir de match entre les rivaux du Napoli et le club de la Vieille Dame. Mais dans le docu du réalisateur anglais Asif Kapadia, (en salles dès ce mercredi 31 juillet), ce slogan sort de la bouche des enfants. Ou plutôt d'une enfant : la fille de Diego Maradona, qui répète avec application les mots que son père, amusé, lui apprend alors qu'elle semble à peine en âge de marcher. Voilà l'une des incroyables scènes de ce film à la fois drôle, puissant et poignant, qu restitue cette tranche de vie totalement romanesque - et pourtant évidemment réelle - de l'un des plus grands joueurs de l'histoire du foot.

Virée nocturne avec la Camorra
C'est la principale force du film : une richesse documentaire assez prodigieuse, qui nous offre un enchaînement incroyable d'images d'archives exhumées des années 80. Des scènes de famille donc, mais aussi des images de vestiaires les soirs de matchs, des entraînement individuels, des passages sur les plateaux télé... Le documentaire s'ouvre d'ailleurs sur une incroyable séance de gymkhana dans les rues napolitaines, avec caméra embarquée dans la voiture du prodige argentin en route pour le stade municipal. Et l'on suit même une virée nocturne du Pibe avec des membres de la mafia locale. Dans cette époque pré-Internet, pré-iPhone et pré-Netflix, il faut mesurer la performance des équipes du film qui ont exhumé dix ans d'images de la vie de la star dans toutes les dimensions de son être : le footballeur bien sûr – quel plaisir de (re)voir ses courses dingues sur les pelouses de Serie A, à une époque ou des découpeurs de chevilles sévissaient encore dans toute l'Europe – mais aussi le père, l'amant, et, bien sûr... le cocaïnomane.

Osmose unique entre une ville et un joueur de foot
Car on n'échappe évidemment pas à cet aspect de la vie du numéro 10, qui constitue le tendon d'Achille par le lequel le déclin finit par arriver. Le mérite du documentaire est de ne pas juger. A la bluffante recherche iconographique s'ajoute ainsi un parti pris de narration. La parole est simplement donnée, sous forme de témoignages en voix off, aux proches du joueurs : sa famille, son préparateur physique de l'époque, des journalistes italiens ou argentins, et même le joueur lui-même, dans une séquence finale assez poignante qu'on ne déflorera pas ici. Un choix payant, qui permet de dresser le portrait subtil du joueur et de l'homme. En se concentrant ainsi sur sa seule époque napolitaine, Asif Kapadia propose une œuvre d'une grande force, intense et tendue, qui révèle avec efficacité cette osmose, assez unique dans l'histoire du ballon rond, entre une ville et un joueur de foot. Un film monumental qui nourrit la légende "d'El Diez".

Diego Maradona. Rebelle, héros, tricheur, Dieu. 
Le mercredi 31 juillet 2019 en salles.

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