Hoops, she did It again !

Le 25/05/2020

Hoops, she did It again !

Son affiche illustrant la série The Last Dance sur Michael Jordan fait un carton sur les réseaux : Caroline Blanchet, aussi connue sous le nom de Ptite Cao, nous a parlé de His Airness mais aussi de Rodman ou NBA 2K.

Vous travaillez surtout autour du basket : comment vous est venu votre amour pour ce sport?
Le basket, c'est mon sport de prédilection. J'en ai fait moi même plus jeune, et même si j'ai arrêté il y a dix ans, forcément quand je me suis lancée en tant que graphiste indépendante en me spécialisant dans le sport, cela a naturellement constitué ma première source d'inspiration.

Vous avez une star ou une équipe préférée ?
J'ai grandi dans les années 90 donc forcément c'était la période des Bulls de Jordan, et c'est par ce joueur là que j'ai découvert la NBA. Après je n'ai pas forcément d'équipe préférée, même à l'époque où je jouais. J'ai souvent eu un regard plus global, en m'intéressant à toutes les équipes, même si Chicago reste évidemment une équipe dont je continue à suivre les résultats. Je n'ai pas ce côté fan, j'ai un regard assez neutre, pour mon travail c'est important car cela me permet de m'intéresser à tous les joueurs.

Vous vous définissez comment : illustratrice, graphiste ?
Je suis d'abord graphiste, c'est ma formation. Professionnellement, j'ai commencé comme ça dans une agence de communication, pendant sept ans. Mais l'illustration, c'est un aspect que j'ai développé au fur et à mesure. Le plus souvent, je retravaille de la matière existante, une grosse partie de mon travail s'appuie sur du photomontage, j'ai donc toujours besoin d'une ressource photographique en termes de référence.

Vous avez des inspirations, dans le milieu de l'illustration, de la peinture ou de la BD ?
Il y en a tellement... Mon premier réflexe, le matin, c'est de suivre des sites spécialisés où on peut poster des créations. Je regarde ce que font les autres , comment ils travaillent, quelles sont les tendances. Par exemple j'aime beaucoup le studio anglais ILOVEDUST, ou encore l'illustrateur italien Davide Barco. Après, mes inspirations peuvent aller au delà de l'illustration ou du graphisme : de la musique ou un film peuvent déclencher une idée. Il faut juste être curieux.

Qui est le sportif, ou la sportive, que vous prenez le plus de plaisir à illustrer ?
Je pense que ça reste dans le basket. En tout cas peut être que celui que j'ai le plus souvent illustré, c'est Kobe Bryant, alors que ce n'était pas forcément mon joueur préféré. Mais il était très photogénique, il y a de belles images de lui quand il joue, avec une grande élégance. Un peu comme Jordan, d'ailleurs, ils sont un peu similaires dans des attitudes qui sont très inspirantes pour réaliser des créations.

Kobe Bryant retirement Caroline Blanchet

Et celui ou celle qui vous a donné le plus de mal ?
J'ai remarqué que je n'avais jamais travaillé sur Dennis Rodman. Pourtant il y a des photos magnifiques de lui, en particulier sur des rebonds, mais je n'arrive pas à trouver ce que je pourrais en faire.

Il a déjà trop de style en lui même, peut-être ?
Oui peut être... Et, pour lui, il y a ce côté excentrique qu'une création graphique doit nécessairement représenter. Peut être que je bloque aussi par rapport à ça.

Vous avez un style très travaillé. Vous avez posté une vidéo sur les réseaux qui résumait en quelques secondes 10 heures de travail : c'est le temps moyen que vous passez sur une illustration ?
Non, ça dépend du sujet : pour des travaux persos, je me donne plus de temps. Sur des projets professionnels, il faut être plus réactif, c'est quelques heures de travail, voire moins parfois s'il y a une urgence. Mais il m'arrive de dépasser les dix heures de travail aussi, ça peut se compter en nombre de jours. Il n'y a pas trop de règles.

Comment vous est venue l'idée de l'illustration de la série documentaire de Netflix The Last Dance sur Michael Jordan ?
C'est un projet perso en réaction au fait que Netflix n'avait pas fait grand chose d'un point de vue graphique, au moment d'annoncer les dates de diffusion de la série. Je sais que c'est leur manière de communiquer pour créer des réactions, mais du coup, je me suis demandée ce que ça pourrait donner de travailler sur le sujet.

The Last Dance Michael Jordan

Et c'est un gros succès sur les réseaux sociaux, avec un visuel qui a été très partagé !
Les gens ont aimé, oui. Mais ça a aussi posé des soucis, parce que des médias l'ont repartagé en supprimant mon logo...

C'est symptomatique du manque de reconnaissance du travail des artistes ?
Quand on poste sur les réseaux sociaux, le but est que ce soit partagé, cela fait toujours plaisir. Mais l'utiliser en modifiant ou en coupant l'image pour mettre son logo par dessus, c'est une dégradation de la création originale. C'est un souci commun à tous les métiers de la création artistique. Moins que la reconnaissance, je demande aux médias professionnels de simplement respecter mon travail.

On dit que le milieu du sport est assez sexiste, c'est quelque chose que vous ressentez vous aussi ? Il y a peu de graphistes femme dans ce milieu...
Dans le travail, je ne le ressens pas, non. Il y a un avantage au fait d'être graphiste, c'est que les gens voient nos créations avant de savoir qui est derrière. Quand j'ai commencé en 2013, je ne mettais pas en avant que j'étais une femme, cela ne me venait même pas à l'esprit, je voulais d'abord être jugée sur le travail en lui-même. Personne ne m'a jamais dit « ça va poser un souci parce que vous êtes une femme », par exemple. On ne m'a pas refusé des collaborations non plus pour ce motif, ou alors je ne l'ai pas su. Ce n'est pas un problème d'un point de vue professionnel. En revanche, c'est sans doute plus dans la discussion au quotidien, quand je parle de sport avec des amis ou des connaissances, qui sont souvent des hommes. Et, oui ,on se retrouve régulièrement confronté à des réflexions, qui ne sont pas toujours ni volontaires ni méchantes d'ailleurs : du genre « Ah tiens c'est marrant que tu saches ça... », « Ce sport t'intéresse ? »...

Parlons de l'ouverture de votre boutique : pourquoi proposer ces produits dérivés aux fans de basket ?
C'était un projet que j'avais depuis plus d'un an. Je ne l'avais pas mis en place parce que je n'avais pas trop de temps à l'époque. Je voulais trouver des prestataires qui puissent m'aider pour la logistique et surtout disposer de créations que je puisse vendre. Tout ce que je fais n'est pas exploitable, pour des raisons de droits. Il fallait des idées pour parler de basket mais de manière plus générale...

Du coup vous proposez des créas conceptuelles sur l'univers du basket...
Oui c'était le gros point sur lequel travailler. Finalement, beaucoup de projets sont tombés à l'eau avec le confinement. Vu qu'il y avait moins de travail à côté, c'était l'occasion de me consacrer à ce projet, et la boutique a ouvert fin avril.

Pour finir, si vous deviez choisir une seule collaboration qui vous fait rêver pour la suite, ce serait laquelle : avec un joueur, une ligue... ?
Je ne vais pas dire que je n'ai pas trop de rêves, mais disons que j'essaie de ne pas trop en avoir parce qu'on est souvent déçu. Il y a des collaborations dont je rêvais et qui n'ont pas été extraordinaires, alors qu'à l'inverse d'autres qui ont été réalisées avec des plus petites structures se sont avérées être de bonnes surprises.
Ceci dit, réaliser par exemple une couverture pour le jeu NBA 2K ça pourrait être sympa, même si ce n'est pas forcément très bon signe parce qu'elles portent un peu malheur aux joueurs qui sont dessus. (rires) Dans la culture basket et NBA, ça représente quelque chose d'important.
Mais globalement, je suis ouverte à tout. Je ne m'appuie pas trop là-dessus pour avancer, je fonctionne un peu au jour le jour : je m'adapte, et c'est souvent quand on ne s'y attend pas qu'il y a de belles collaborations qui se créent.

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