Le football à contrechamp

Le 15/12/2020

Le football à contrechamp

L'ouvrage "Contre allez" d'Alexis Berg se situe entre la littérature et la photographie. Il nous propose de regarder le Mondial de football de 2018 sous un autre angle, de la Russie à la France. Il est disponible en ligne et dans notre boutique éphémère à Paris. Une chronique de Zoé Nocent, journaliste en herbe (13 ans) pour le Mag de Pop&Kop.

Si vous vous attendiez à retrouver en image les moments forts de la Coupe du Monde de 2018, vous allez être surpris ! Mais pas déçu, on vous l’assure. Au lieu de voir un gazon vert et des crampons en première loge, vous allez voir l’autre côté de la caméra. D’un couple en train de s’embrasser à Moscou, aux supporters français euphoriques en train d’animer les Champs-Elysées, la fête est au rendez-vous ! Contre allez, d'Alexis Berg, est un véritable appel à l’aventure. Les photos ont été prises dans beaucoup de lieux différents, passant de Moscou à Rostov, de Sotchi à Volgograd avant de terminer par Saint-Pétersbourg et Paris. Elles sont toutes plus ou moins joyeuses, plus ou moins colorées, plus ou moins floues, plus ou moins frappantes. Ce qui les rassemble, c’est cette passion du football sous toutes ses formes, cette attente face aux matchs, cette joie si le résultat est positif, ou cette déception si le résultat est négatif. « Il n’y a bientôt plus qu’une seule respiration, peut-être alors un cœur commun, qui palpite et s’emballe », décrit-il dans son livre, avant de résumer : « Le match se vit en chacun. »

« On regarde ailleurs »
La première partie, intitulée Contre plongée en Russie, nous montre tout, d’un singe qui préfère regarder l’objectif plutôt que le match, à une foule de gens vêtus de rouge, passant par une église qui perd sa notoriété face à un écran géant. Si, au premier abord, la Coupe du Monde est un événement qui n’apporte que de la joie et de la bonne humeur, Alexis Berg ne manque pas de nous rappeler certains points aussi sombres qu’importants, comme la hausse des violences conjugales qui arrive les soirs de match ou encore le sujet de l’égalité hommes-femmes dans le monde du football. « Qui s’inquiète de préciser Coupe du monde de football masculin ? » s’interroge-t-il dans son ouvrage.
Grâce à ses photos, Alexis peut aussi montrer l’utilisation abusive des écrans, qui remplacent maintenant nos propres yeux, et accompagne ses illustrations de quelques lignes : « Aucun lieu sans écran. Aucune main sans réseau. Aucun souvenir sans image. » Mais comme Alexis Berg ne manque pas de le souligner, le problème est que nous n’y prêtons pas assez attention : « Et on regarde ailleurs. Les yeux sur le nul ou la passe lobée ».

Des photos prises sur le vif
La seconde partie, Contre Champs (un jeu de mots associant l’envers du décor et les Champs Élysées de Paris), est au contraire plus festive. Outre les photos devant l’Arc de Triomphe, on peut retrouver un homme qui monte sur un kiosque, face à une boutique – heureusement pour elle – fermée, ou bien une foule qui brandit le drapeau français, et des fumigènes rouges qui illuminent l’image. « La Coupe du monde se révèle toujours une aubaine d’unité pour les Etats, tant ceux qui organisent que ceux qui gagnent. », précise-t-il dans son livre. Puis des dizaines et des dizaines de photos colorées, de sourires plaqués sur des visages et de joie non camouflée, bien réelle et bien forte. Mais là encore, Alexis Berg nous le rappelle, tout n’est pas rose : « C’est sans doute le privilège des images médiatiques, de choisir le jour et la nuit. Éclairer certaines violences pour en faire des gestes illisibles. Poser la lumière sur quelques vitrines brisées à Paris. Et, au même moment, laisser dans l’ombre tant de femmes agressées partout en France. » conclut-il dans Contre allez, en accompagnant son texte d’une poignée de photos insignifiantes lorsqu’on les voit seules, mais frappantes lorsqu’elles sont associées.
Malgré cela, Alexis Berg réussit à garder une certaine ambiance joviale. Peut-être est-ce dû au fait que ses photos sont prises sur le vif, qu’on peut ressentir la joie présente chez les supporters français et russes, alors qu’une photo retouchée nous aurais fait perdre ce côté inattendu, capturé à la seconde près dans un appareil. Ou sinon grâce au talent de l'artiste, tant en photographie qu’en qu’écriture. Peut-être un peu des deux. Dans tous les cas, le résultat est impressionnant. Tant par cette logique dans l’assemblage de ses photos que par les phrases qu’il écrit. Alexis Berg a réussi le défi presque impossible de parler de sujets durs, parallèlement à d’autres sujets tout aussi forts, mais plus insouciants, plus joyeux, en associant deux passions : le football et la photographie. Et rien que pour ça, on dit bravo.

Zoé NOCENT

***

Le livre "Contre-allez" d'Alexis Berg est disponible en version classique et collector avec un tirage photo de l'artiste.
- A la Pop&Kop Arena, boutique éphémère du 61 rue du Faubourg St-Martin à Paris (10e) jusqu'au mardi 22 décembre.
- En ligne sur notre site